- XI’AN (INCIDENT DE)
- XI’AN (INCIDENT DE)XI’AN INCIDENT DE (1936)Mutinerie d’un caractère original, la capture de Tchiang Kai-chek par Zhang Xueliang, connue comme «l’incident de Xi’an», constitue une péripétie diplomatique dont les implications politiques et psychologiques ont marqué le destin de la Chine et, en particulier, le développement de son sentiment national.Jeune puissance économique et militaire qui a déjà soumis la Chine impériale (1895) et la Russie tsariste (1905), le Japon voit après 1914 une nouvelle Chine républicaine tenter de réaliser son unité nationale. Aussi, dès la fin de la Première Guerre mondiale, reprend-il ses manifestations impérialistes: «vingt et une demandes» (1915), véritable ultimatum de protectorat sur la Chine; extension en Mandchourie et en Chine du Nord (1928); «incident de Moukden» (1931) et création du Manzhouguo; occupation de Shanghai (1932), du Rehe (Jéhol) et du Hebei (1933 à 1935). Malgré ces empiétements constants, Tchiang Kai-chek, leader du Guomindang (GMD), temporise: il se sent encore trop faible pour vaincre le Japon et veut d’abord défaire ses ennemis intérieurs, les communistes qu’il combat depuis 1926. Ceux-ci, après leur débâcle de 1927 (prise de Nanchang et Commune de Canton) et la Longue Marche, se sont établis dans le Sh face="EU Caron" オnxi et continuent à tenir tête aux «campagnes d’annihilation» que Tchiang lance contre eux. Celui-ci, dont le nationalisme ne peut être mis en cause, va à l’encontre des aspirations nationalistes chinoises en s’en prenant aux communistes. Nées du Mouvement du 4 mai, ces aspirations ont évolué et en 1936 l’intelligentsia multiplie les mouvements patriotiques antijaponais; ainsi l’Union pour le salut national, parrainée par la prestigieuse veuve de Sun Zhongshan (Sun Yat-sen), exige l’arrêt immédiat de la guerre civile et l’union de tous les Chinois pour repousser l’envahisseur japonais. De même, les guildes de coolies, de bateliers et de marchands appuient ce mouvement d’opinion et boycottent les denrées japonaises. Enfin, en 1935, les communistes eux aussi ont invité à l’union les militants de base du GMD et proposent au début de 1936 le front commun avec le gouvernement de Nankin.C’est dans ce contexte social et politique que prend place l’incident de Xi’an: s’apprêtant à déclencher contre les communistes sa sixième «campagne d’extermination», Tchiang Kai-chek envoie à Xi’an son second, le «jeune maréchal» Zhang Xueliang, fils de Zhang Zuolin et ancien gouverneur d’une Mandchourie qu’il a abandonnée aux Japonais sur les instances de son supérieur. Comme l’écrit Nym Wales, la première épouse d’Edgar Snow, les soldats de Zhang Xueliang «sont tous des hommes qui ont perdu leur patrie, qui ont le mal du pays, qui sont écœurés par la guerre civile et qui sont indignés de la politique de non-résistance du gouvernement de Nankin vis-à-vis du Japon». Influencé par le patriotisme de ses hommes et sans doute désireux de récupérer son fief mandchou, Zhang Xueliang essaie de persuader son supérieur de faire front commun avec les autres forces existant en Chine; déjà ses propres soldats, les manifestants antijaponais et les communistes fraternisent. Le 7 décembre, Tchiang Kai-chek, minimisant apparemment la subversion, intervient personnellement à Xi’an avec des troupes sûres; il veut engager l’offensive contre les communistes et mettre au pas son second. Mais le 12, celui-ci soulève ses 170 000 hommes, arrête son supérieur et le somme d’échanger sa liberté contre l’acceptation de «huit points» condensables en un seul mot d’ordre: front uni de résistance au Japon. À l’annonce de la capture de Tchiang Kai-chek, des troubles éclatent à Nankin. Avertis et surpris, les communistes interviennent: Zhou Enlai et une délégation communiste arrivent à Xi’an et réitèrent leur offre de collaboration. Tout disposés à mettre leurs troupes aux ordres de Tchiang Kai-chek, ils lui demandent l’entrée en guerre officielle contre T 拏ky 拏. Après plusieurs jours de négociations, apprenant certaines défections à Nankin et sachant que plusieurs officiers menacent Zhang Xueliang de supprimer le généralissime, celui-ci, sous l’influence des communistes dont les troupes se sont déployées autour de Xi’an et qui le persuadent de reprendre le flambeau du nationalisme de Sun Yat-sen, décide enfin d’accepter. Approuvée par Moscou, la carte jouée par Zhou Enlai, qui semble sacrifier en partie l’indépendance du Parti communiste chinois et de l’Armée rouge, permet en fait de s’allier les sympathies des nationalistes non communistes et de trouver un allié contre le Japon que, seuls, les révolutionnaires ne peuvent vaincre. Enfin, dans l’analyse maoïste contextuelle, elle permet, à plus long terme encore, de transformer une guerre nationale en guerre révolutionnaire.Après l’acceptation verbale des huit points, Tchiang Kai-chek est libéré le 25 décembre, auréolé d’un surcroît de prestige. Il ramène à Nankin Zhang Xueliang qui s’est constitué prisonnier. Le généralissime montre dès lors plus de fermeté contre le Japon et redéfinit ses rapports avec les rouges.
Encyclopédie Universelle. 2012.